A l'Haÿ-les-Roses

(sud de Paris, en Val de Marne)

12 juin 1998. 5, 9, et 22 septembre 1998. 27 janvier 1999.


Ce parc assez petit est surtout célèbre par sa roseraie. Je n'y étais pas venu en curieux de botanique depuis quelques années et ai constaté avec plaisir que des étiquettes avaient été apposées sur certains arbres pour indiquer l'espèce, avec le nom savant et entre parenthèses le nom vulgaire. En entrant par la porte ouest et en prenant la grande allée à droite, on rencontre un jeune liriodendron (tulipier de Virginie), à gauche, puis un sophora japonica (arbre des pagodes), à droite. A gauche de nouveau un groupe de trois gleditschias inermis (févier sans épines), et, en face, de magnifiques platanes à feuillage lacinié (découpes nombreuses et profondes), les seuls laciniés que je connaisse dans la région. Après un imposant cèdre (du Liban ?), et un important groupe de cèdres bleus, puis un carpinus (charme), on est étonné de trouver un quercus rex (chêne vert), rare sous notre climat, mais dans un état inquiétant malgré les étais qui le soutiennent.

Près de la limite du parc au sud et du portillon faisant face à la rue de Chalais, se trouve un très beau sophora, à quatre troncs issus de la même souche, mais il faut sortir du parc pour l'admirer dans toute son ampleur. En fin septembre ce sophora arbore encore quelques rares fleurs, tout étant pratiquement en fruits (petites gousses à étranglements).

En revenant sur l'allée précédente, un peu plus loin sur la droite on peut apercevoir un groupe de chênes jeunes, à très grandes feuilles (25 à 30 cm), remarquable malgré le voisinage écrasant des grands arbres qui l'enserrent, et à gauche sur la pelouse centrale un important peuplement de hêtres pourpres de toute beauté, ainsi qu'un ensemble de quinze grands platanes en cercle serré autour d'une jolie statue. Les hêtres se reconnaissent facilement en toutes saisons par leur tronc gris, lisse, où les cicatrices et reliefs divers rappellent la peau plissée d'une patte d'éléphant. En continuant jusqu'aux limites à l'est on atteint une extension assez récente du parc (terrain acheté je crois au couvent voisin), plantée de nombreuses espèces intéressantes mais assez courantes, parmi lesquelles j'ai remarqué particulièrement un jeune chêne à grandes feuilles vert clair très décoratif, ainsi qu'un arbre que ne connaissais pas encore portant une étiquette : cladastris lutea (virgillier), sans particularité évidente (du moins au mois de juin. En septembre on note des feuilles plutôt composées, mais variables, certaines à folioles opposées, d'autres à folioles alternes. Des gousses vertes sont présentes, peu garnies, de 10 cm de long environ.).

En revenant vers la roseraie, le long de l'allée qui la borde à l'ouest, on observe un groupe remarquable de six mûriers* bien développés, portant (en juin) quelques minuscules fruits rosâtres rendant l'identification certaine, car contrairement aux variétés d'ornement les plus courantes dont les feuilles sont de formes disparates (certaines entières, d'autres lobées plus ou moins), ceux-ci portent des feuilles toutes entières, mais de tailles variées comme chez tous les mûriers, certaines très larges. Certains des sujets exhibent un rétrécissement du haut du tronc, en forme de col de bouteille, trahissant la greffe d'origine. A toucher se trouvent deux autres grands tulipiers de Virginie**, porteurs en été de fleurs en forme de tulipe mais peu visibles à cause de leur couleur verdâtre qui les noie dans le feuillage. La particularité principale de cette espèce est la forme de sa feuille, lobée comme celle d'un platane ou d'un érable, mais dont l'extrémité est comme amputée perpendiculairement.

La roseraie naturellement mérite une visite (10 francs), mais on est un peu submergé par la multitude des variétés, et à certaines heures par l'affluence parfois gênante. Je préfère quant à moi admirer les splendides massifs de roses rassemblés à l'est, de libre accès, hors de l'enceinte de la roseraie proprement dite.

En septembre, en entrant par la porte ouest, j'ai remarqué, à gauche de l'allée montante, un groupe d'une dizaine de cornouillers, âgés, noueux (nombreuses loupes sur les troncs), et un peu plus loin un arbre assez jeune qui m'a semblé être un plaqueminier à cause de ses fruits naissants gros comme des grains de raisin avec à la base un calice sessile et soudé à quatre pointes, caractéristique du kaki (à suivre à l'automne). Le 27 janvier 1999, revenant encore dans le parc par la porte Ouest j'ai eu la surprise de voir les arbrisseaux pris auparavant pour des cornouillers garnis de nombreuses petites fleurs jaunes. En fait en y regardant de plus près il s'agissait d'ombelles terminales de 10 à 15 mm de largeur, rassemblant 20 à 35 minuscules fleurs jaunes. Vérification faite, il existe bel et bien une variété de cornouiller fleurissant ainsi en hiver, avant la feuillaison, alors que toutes les autres variétés fleurissent au printemps, après les feuilles . Décidément, le cornouiller est une espèce bien curieuse.

Le 22 septembre j'ai voulu revoir l'extension à l'est de manière plus approfondie, et ai parcouru l'allée périphérique dans le sens inverse des aiguilles d'une montre. J'ai remarqué ainsi un érable champêtre, plutôt inattendu (feuilles plus petites et plus simples que dans l'espèce courante), deux paulownias, dont l'un étiquetté. Plus loin, un micocoulier étiquetté celtis australis. De nombreux autres micocouliers se rencontrent ensuite dans cette partie du parc, mais on a de la peine à en trouver les fruits, peu visibles et rares cette année (drupe verdâtre à bistre, à noyau, de la taille d'un gros pois, de faible intérêt gustatif). Ces arbres ont un tronc lisse et gris, et des feuilles lancéolées et à bords en dents de scie. Au milieu des quelques micocouliers situés près des jeux d'enfants, on peut distinguer un arbre étrange à feuilles toutes petites et à trois lobes, dont le tronc jouxte celui d'un pin laricio. C'est un érable de Montpellier, identifiable par les fruits caractéristiques des érables (graines à ailettes réunies par deux à la base et formant un V renversé), espèce indigène qu'on ne s'attend guère à voir au nord de la Loire. Un cornouiller se trouve aussi par là, un peu perdu. Tout près des jeux, mais de l'autre côté de l'allée, deux cedrelas sinensis dont l'un étiquetté. On observe particulièrement les troncs, dont l'écorce brune fendillée en longueur éviterait à défaut d'étiquette de confondre ces arbres avec des ailantes, dont l'allure générale est réellement très proche. Ensuite on rencontre deux jeunes liquidambars, ou copalmes, trop jeunes pour porter des fruits, un autre érable champêtre, un beau chêne vert à trois troncs jointifs et portant des glands, puis un sophora. Devant le mur qui limite la roseraie à l'est se trouvent des houx, et deux savonniers. Du côté de la pelouse on remarque un jeune arbre à deux troncs jointifs et à grandes feuilles composées, délicat à identifier en l'absence totale de fruits. Je pencherais en faveur d'un noyer d'ornement, car en pétrissant une feuille avec persévérance j'ai fini par détecter l'odeur âcre caractéristique du brou (Observation au printemps 1999 : ce jeune arbre porte les chenilles caractéristiques du Pterocarya). Enfin quelques aulnes terminent l'inventaire des découvertes de cette partie du parc, finalement très intéressante.

A proximité immédiate de la roseraie :

Devant la façade principale de la sous-préfecture de l'Haÿ-les-Roses, on peut admirer des érables laciniés au nombre d'une dizaine, très élégants, déjà bien développés.


Dans les environs

Derrière l'ancien moulin de la Bièvre se trouve un jardin public : le Parc municipal de la Bièvre, en bordure de cet ancien cours d'eau aujourd'hui enterré en buses (accès au 81 de l'avenue Larroumès). De nombreux arbres intéressants s'y trouvent, notamment plusieurs liquidambars (copalmes), espèce qui se répand dans les rues et les jardins de cette banlieue. Cette espèce présente des feuilles à cinq lobes pointus et triangulaires, se distinguant assez facilement des platanes ou des érables. Le fruit est globuleux à poils charnus, et présent en septembre sur les sujets de ce jardin. Le tronc est subéreux, c'est-à-dire à consistance superficielle liégeuse. A l'automne le feuillage revêt une belle couleur rouge.