Un trésor botanique à Paris :

le Champ de Mars

(30 juin , 25 septembre 1998)


Avant de rédiger la présente page j'ai tenu à revisiter (trop rapidement) ce site exceptionnel, que j'ai parcouru tant de fois il y a une trentaine d'années. Je n'y étais retourné qu'une fois depuis, pour montrer à mes enfants qui commençaient à s'intéresser aux arbres les plus belles pièces de ce parc.
Aujourd'hui fin juin 1998 je n'ai trouvé que peu de changements, mise à part malheureusement la disparition de presque toutes les étiquettes d'arbres. L'une des rares étiquettes encore présentes mentionne une date de plantation 1909, qui doit être généralisable à tous les vieux specimens, plantés lors de la création du parc après une exposition internationale. Mais mes préférés sont toujours là.
Je passerai sur les innombrables marronniers, frênes, tilleuls, et sophoras, pour ne citer que les espèces les plus fréquentes, et ne mentionnerai de particularités que pour les variétés non décrites dans les pages précédentes.

Partant de la Tour Eiffel, on parcourt la zône ouest en direction de l'Ecole Militaire. On rencontre d'abord un groupe de six sophoras, deux savonniers très beaux en pleine floraison (belles grappes jaunes en gros bouquets. Les savonniers, ou koelreuterias, sont également remarquables par leur feuillage très spécifique, composé penné, à folioles miltilobées un peu comme les feuilles de chêne en plus petit, et par leurs fruits en bourses membraneuses contenant une petite graine brune), un bel oranger des Osages (maclura aurantiaca, ou encore mûrier des Osages, Cf Sceaux***) sur la gauche, et plus loin un grand pterocarya (Cf Sceaux*)et un jeune tulipier de Virginie(Cf l'Haÿ**). Dans cette sorte de large clairière devaient se trouver autrefois deux grands féviers aujourd'hui disparus. Il me semble aussi qu'il devait y avoir dans ces parages trois exemplaires de variétés différentes de plaqueminiers (dont le fruit est le kaki) que je n'ai pas retrouvés. En revanche deux jeunes ginkgos biloba et un jeune chêne à feuillage lacinié accompagnent un énorme noisetier de Byzance, aussi important qu'un fort marronnier, et dont un autre exemplaire se trouve non loin de là, sur la gauche (en été et à l'automne ces noisetiers se repèrent aisément par les grappes de fruits, non comestibles).

On traverse des allées bordées de nombreux sophoras, toujours présents mais fortement mutilés par de sévères élaguages, pour rejoindre un secteur intéressant. Sur la droite on trouvera trois paulownias, un robinier fastigié (peut-être monophylla Cf Curiosités*), un orme pleureur (avec une greffe déformante très laide en col de bouteille inversé), un très imposant pterocarya à tronc énorme, un cedrela (Le cedrela a de grandes feuilles composées pennées très semblables à celles de l'ailante avec lesquelles une confusion est possible. Cependant celles de l'ailante sont impaires, avec une foliole terminale, et présentent une glande à la base. Les troncs sont très dissemblables chez les sujets âgés, celui du cedrela de couleur brune s'exfoliant par lanières longitudinales tandis que celui de l'ailante est lisse et gris noirâtre. Mais les sujets jeunes sont pratiquement indiscernables, si ce n'est par la légère odeur fétide des feuilles de l'ailante quand on les froisse). En reprenant la promenade à gauche de ce secteur on trouve un très beau chicot (ou gymnocladus, arbre remarquable par ses feuilles très grandes bipennées pouvant atteindre le mètre de longueur. A la chute des feuilles les extrémités des rameaux apparaîssent comme tronquées, d'où le nom vulgaire de chicot), un mûrier blanc de fortes proportions, un févier femelle reconnaissable à ses gousses naissantes, et un jeune tulipier. Au bout de la parcelle, un savonnier, et un aulne identifiable par ses fruits en cônes.

On traverse la pelouse vers l'est pour reprendre la visite en remontant vers la Tour. J'ai remarqué d'abord un très bel arbre à écorce torturée gris clair, qui pourrait être un micocoulier à port un peu pleureur, puis un sophora géant, isolé. En continuant à droite se présentent trois plaqueminiers dont un à gros fruits, avec un bourrelet de greffe très apparent à hauteur d'homme. Sur la gauche deux catalpas dont un grand en fleurs, et en bordure de la parcelle trois jeunes mûriers pleureurs (Cf l'Haÿ*). Plus à droite, à côté d'érables ordinaires un arbre inconnu, à tronc très lisse, portant des boutons de fleurs en grappes disposées en candélabre, totale énigme (étiquette SVP !).

Après traversée d'une avenue et de groupes nombreux de sophoras, j'ai remarqué un jeune arbre inconnu à belles feuilles larges à lobes prononcés presque détachés comme dans une feuille de marronnier, dont le tronc lisse est vert bistre presque jaune. Ensuite un probable robinier monophylla (Cf Curiosités*). Plus loin sur la droite un sujet de belle apparence, à feuilles caduques ressemblant à celles des ormes, qui doit être un eucommia d'après mon souvenir (cet arbre renferme dans ses feuilles un fluide gommeux qu'on détecte en déchirant une feuile par les nombreux filaments qui apparaissent). Un peu plus loin, on peut remarquer un févier mâle (sans gousse) (Cf Sceaux****), garni d'épines, deux catalpas en fleurs, un érable en forme de parasol, et enfin un groupe remarquable de cinq mûriers pleureurs (Cf l'Haÿ*), de quarante ans d'âge environ, à feuilles variables souvent lobées profondément comme chez le figuier.

Dans les environs, l'Allée des Cygnes

Le 25 septembre, après une revue rapide du parc, je suis retourné sur l'allée des cygnes, qui s'amorce au milieu du pont de Bir Hakeim et s'étend sur quelques centaines de mètres au milieu de la Seine vers l'aval. Par rapport à mes souvenirs d'il y a trente ans, j'ai été déçu par la mauvaise santé évidente de la plupart des arbres qui s'y trouvent, sentiment aggravé par la chute des feuilles déjà très avancée ici. Néanmoins, en laissant de côté les nombreuses espèces courantes, cette flore est assez riche. On trouve en effet d'assez nombreux cédrelas, les premiers à proximité d'ailantes offrant l'occasion de confrontations instructives (comparer les troncs). Certains de ces arbres sont à bout et bons à abattre. On trouve d'autres cédrelas après le pont sous voie ferrée, mélangés à des noyers d'ornement portant de rares noix, et permettant une comparaison directe des feuillages et des troncs. On y trouve aussi des sophoras, des liquidambars récemment plantés et pas très vaillants, et quelques savonniers dont deux sont très âgés. Enfin j'ai remarqué deux très jeunes plants, que je me risquerai à identifier à des chicots (gymnocladus).