Chant Grégorien

1997-2005 : La boucle se referme !


Deux documents audiovisuels de grand intérêt sont parvenus à ma connaissance ces derniers mois. D'une part le DVD de Solesmes Le chant mystérieux du silence, d'autre part une cassette prêtée par mon ami Pierre Bottet où il avait enregistré un documentaire intitulé Le chant perdu de Grégoire, signé Amalia Escriva, diffusé sur France 2 le dimanche de la Sainte Trinité.

Curieusement, ces deux documents renvoient, de façon différente, à mes premiers articles publiés en 1997 et 1998 : Trahison et détournement du chant grégorien, et La nouvelle école de Solesmes.
Dans le premier de ces articles, paru d'abord en juin 1997 dans la revue distinguée OPUS DEI de l'Abbé Portier, puis sur mon site Internet en 1998, je m'élevais avec vigueur contre la nouvelle mode du grégorien arrangé pour concerts par quelques groupes de chanteurs souvent vocalement talentueux mais égarés par les fausses théories de madame Marie-Noël Colette. Le film Le chant perdu de Grégoire, malheureusement, montre qu'absolument rien n'a changé dans ce domaine. Dans le second article, de 1998, je découvrais avec surprise la nouvelle tendance d'interprétation du grégorien à Solesmes, à partir de 1975, reniant manifestement la tradition de Dom Mocquereau-Dom Gajard, et suivant apparemment de nouvelles conceptions issues des travaux de Dom Cardine et adoptées avec enthousiasme au congrès grégorien de Strasbourg en 1975. Il semble bien, en écoutant le disque Le chant mystérieux du silence, que se soit produite une nouvelle évolution des chants à Solesmes, dans le sens d'un retour, encore timide et incomplet, à la bonne tradition.

Commentaires et remarques sur le disque Le chant mystérieux du silence

e me limiterai aux chants qui sont présentés dans ce disque, soit chantés en soliste par le Frère Yves Marie Lelièvre, soit en groupe sous sa direction. L'interprétation semble sans défaut de rythme, et assez expressive. Il y a toutefois un léger manque d'ensemble, qu'il sera facile de corriger avec du travail. En tous cas, on n'entend plus ces syncopes détestables introduites par l'application sans nuance du style verbal dans les années 80 et suivantes.

Je me permettrai juste une petite remarque, concernant les salicus dans l'introït Spiritus Domini. L'absence complète de singularisation de la note médiane, conforme aux idées de Dom Cardine, assimile ces neumes à des scandicus, ce qui amoindrit l'expression. Certes la notation messine du Triplex indique des scandicus, mais dans au moins un cas le salicus est bien précisé par Saint Gall. Or les règles posées par Dom Mocquereau tendant à appuyer la note médiane n'étaient pas sans fondement sérieux (Cf. Le nombre musical grégorien, tome I, pages 389-392), et l'on a me semble-t-il rejeté ces règles un peu à la légère. La solution très différente d'une modulation vocale de la note médiane à laquelle m'ont conduit mes dernières études me semble ici particulièrement intéressante, car elle ne préjuge pas de la valeur à accorder à cette note, brève ou longue, forte ou faible, selon les cas et en accord avec les signes neumatiques anciens. Cette singularisation introduit dans le cursus mélodique un élément rythmique spécial utile à l'expression. A défaut, et sauf indication contraire formelle des manuscrits, l'appui de la note médiane reste une solution opportune, qui a l'avantage de pouvoir s'appliquer sans difficulté en chant de groupe.

Commentaires et remarques sur le film Le chant perdu de Grégoire

es interventions des principaux participants au film permettent de constater le maintien sans nuance des habitudes de contraction de neumes en ornements rapides. Dans le film, il est dit que Madame Marie-Noël Colette a été "la première à faire entendre un chant ornemental". Celle-ci rappelle sa surprise après les leçons reçues de dom Cardine, constatant "que tout était à refaire", et qu'il "fallait rendre la musique à ce répertoire musical". La nouvelle conception du chant grégorien est expliquée et mise en pratique par Madame Brigitte Lesne et son groupe Discantus, ainsi que par Dominique Vellard en chant soliste. Cela consiste à reprendre certains neumes, de trois ou quatre notes le plus souvent, mais parfois aussi de clivis de deux notes, et en faire des ornements rapides, rappelant vaguement les fioritures instrumentales anciennes à l'orgue ou au clavecin. Selon eux, au début du chant grégorien médiéval, ces neumes auraient existé en tant qu'ornements, puis, avec le temps, se seraient trouvés étirés en notes de durée normale, hypothèse au demeurant très surprenante, les ornements brefs ayant généralement, avec le temps et la négligence, vocation à s'effacer, plutôt que de se transformer en mélodie additionnelle.

Le début du film est accompagné du chant de Dominique Vellard du graduel Ex Sion, verset Congregate. On peut y remarquer les contractions rapides de neumes tels que les climacus, qui s'en trouvent littéralement "avalés".
On nous fait entendre ensuite une interprétation comparée de l'introït Puer natus est (jour de Noël), d'abord par le chœur de moniales de Notre Dame d'Argentan, classique et conforme à la Méthode de Solesmes (Dom Gajard), ensuite par l'ensemble Discantus, qui y introduit généreusement les "ornements", mais aussi des prolongations de cadence qui ne figurent nullement dans les manuscrits invoqués. L'impression ressentie est partagée. D'une part ces prolongations de cadence introduisent des temps de méditation agréables, nullement gênants du point de vue liturgique, mais d'autre part les contractions en ornements rapides des neumes syllabiques non seulement n'apportent rien d'esthétique, mais sont franchement mutilantes, alors que dans l'interprétation classique ces neumes ajoutent un effet gracieux en accord parfait avec le caractère joyeux de cette pièce célèbre. Alors que l'on pourrait comprendre l'intérêt d'abréger un long mélisme comme dans le chant de Vellard, l'altération de neumes affectés à des syllabes dans un chant peu chargé comme l'introït de Noël, apparaît non seulement dénuée d'intérêt esthétique, mais carrément destructrice. C'est une faute de goût flagrante.
J'avais longuement critiqué cette mode dans un article de 1997,

http://perso.club-internet/pbillaud/greg1.html,

et mes objections restent entièrement valables. Les voici à nouveau pratiquement sans modification : "Si comme on le prétend certains neumes avaient été autrefois chantés comme des "ornements" rapides, on verrait mal comment et pourquoi, au cours des âges, de tels "ornements" se seraient allongés insensiblement au point que leurs notes constitutives prennent des durées du même ordre que celles des notes de l'ancienne mélodie. Chacun voit bien qu'un "ornement", surchargeant le début ou le corps d'une note mélodique, ou bien sera conservé plus ou moins bien dans sa fonction ornementale, ou disparaîtra simplement en laissant non modulée la note d'origine. C'est là du simple bon sens. Le seul cas évident d'inflexion ornementale rapide ayant pu exister autrefois concerne le quilisma, que Solesmes a dû simplifier, faute de certitude, et sans doute aussi en raison de difficultés prévisibles d'exécution, contraires au souci d'unification du chant dans l'ensemble de l'Eglise. Quand on regarde de près les manuscrits neumés (voir par exemple le tableau très éloquent p 56-57 du livre de Dom Bescond, où l'on peut comparer dix-sept notations différentes de la même mélodie) on est conduit à observer :

a)
que les neumes de trois notes les plus souvent contractés par les novateurs ne sont pas transcrits de manière différente des autres, et que la longueur présumée de chaque note semble bien la même dans les deux cas. En particulier les punctums des climacus ne diffèrent en rien de ceux des autres neumes. Le fait qu'ils soient plus serrés horizontalement correspond au souci bien connu d'économie d'espace sur les manuscrits, qu'on retrouve avec les podatus par exemple.
b)
que, vu ce souci d'économie d'espace, un simple "agrément" affectant une attaque de syllabe ou de note aurait été très vraisemblablement signalé par un symbole bref conventionel surchargeant la mention normale de la note, et non par un ou plusieurs signes complexes évoquant précisément des notes successives bien distinctes dans le temps, comme sur les manuscrits.
c)
que les torculus et porrectus, s'ils avaient été chantés autrefois comme des agréments d'attaque, puis progressivement allongés comme on les rencontre aujourd'hui dans les missels, auraient dû garder la symétrie naturelle de telles modulations, avec les 1ère et 3e notes à la même hauteur, ou bien en tous cas rester tous identiques. Or, beaucoup de torculus et porrectus des partitions actuelles ont des notes initiale et finale à hauteurs différentes, dans un sens ou dans l'autre.

D'autre part un argument historique assez précis est en désaccord avec l'hypothèse de contractions de neumes dans les mélismes. On sait que les séquences ajoutées aux alleluias à une certaine époque ont été inventées comme moyen de faciliter la mémorisation de la mélodie du jubilus, souvent longue et compliquée. En mettant des paroles sur la mélodie, on retenait celle-ci beaucoup plus facilement.
Or un témoignage de Notker le Bègue, moine à Saint-Gall, poète et auteur des textes de nombreuses séquences, indique que la règle du chant à cette même époque était "une note, une syllabe", ce qui implique, par exemple, que les porrectus, torculus, climacus, rencontrés dans un jubilus, devaient recevoir chacun trois syllabes de texte, et ne pouvaient donc être contractés habituellement."
J'ajouterai la constatation fréquente de différences d'écriture entre manuscrits de même provenance, de neumes ou de groupes correspondant à la même mélodie, mais articulés un peu différemment. Ainsi on trouvera dans un manuscrit un torculus résupinus de quatre notes, remplacé dans un autre manuscrit équivalent par deux pes successifs sur la même syllabe. Ceci ne pourrait exister si le torculus resupinus eut été un ornement rapide.
Il me faut bien, aussi, rappeler que les novateurs partisans des contractions de neumes, invoquaient avec insistance une filiation orientale des premiers chants grégoriens, expliquant l'existence d'ornements rapides dans les premières mélodies grégoriennes. Marie-Noël Colette en était convaincue (elle l'affirma notamment au cours d'une émission de radio nationale sur les chants médiévaux). Dom Bescond, dans son livre Le Chant Grégorien, y consacre de nombreuses pages, allant jusqu'à préconiser l'adoption de certains aspects de la musique indienne, comme une basse obstinée plus ou mois liée au mode de la pièce (l'ison grec). Cette croyance proprement délirante, qui ne reposait sur aucune donnée tangible, fut partagée avec persévérance par les groupes de chant de concert, surtout Marcel Pérès, qui multiplia pendant des années les recherches et les expériences tendant à confirmer l'hypothèse. C'est lui qui enterra la chose un jour en déclarant qu'il était arrivé à la conclusion que c'étaient les arabes qui avaient imité dans leurs musiques nos chants catholiques, entendus en Espagne lors de l'occupation mauresque (style grégorien dit "mozarabe"). Evidemment la filiation orientale autrefois revendiquée n'apparaît plus du tout dans le film.
A l'époque de mon article, j'ignorais l'existence d'un document capital, le rejet sans équivoque de cette pratique, par dom Cardine en personne, que les novateurs présentaient volontiers comme la source des idées y ayant conduit. Ce désaveu catégorique, Marie-Noël Colette omet de le citer, non sans rappeler pourtant son passé d'élève de dom Cardine. Je reproduis ci-après la brève note de travail datée du 27 septembre 1977, sous la forme publiée dans REQUIRENTES MODOS MUSICOS (Solesmes 1995), page 236, où je me suis permis seulement de souligner quelques phrases en rapport direct avec le sujet qui nous occupe.

DOM EUGENE CARDINE
LES NEUMES ONT-ILS UNE "VALEUR QUANTITATIVE" ?

Certains grégorianistes pensent aujourd'hui qu'il suffît de ne pas contre-dire la différence - qui s'impose - entre les notes "plus longues" et les notes "plus brèves", telles qu'elles sont indiquées par la sémiologie ; mais que la proportion à établir entre elles est une pure question d'interprétation, le chantre restant libre de choisir ce qui lui plaît.
Cette position semble tout à fait inexacte.
En effet, la sémiologie conduit à reconnaître dans les signes neumatiques des premières notations un souci de fixer, de façon très souple assurément mais réelle, les diverses valeurs des notes dans la proportion même qui existe en chant grégorien entre les syllabes du texte. Car le punctum, l'uncinus et l'"uncinus avec tenete", dans le manuscrit Laon 239, sont utilisés sur des syllabes dotées d'une seule note de la même manière qu'à l'intérieur des neumes plus ou moins développés.
D'autre part, l'étude des cas de diérèse-synérèse s'harmonise trop avec l'esthétique la plus obvie pour laisser un doute en la matière.
Comment penser que des signes aussi magistralement conçus et combi-nés n'aient pas reçu une fonction déterminée qui échappe au bon-plaisir de l'interprète? Le notateur de Laon 239 aurait été à court d'imagination pour créer des graphies aptes à représenter les ornementations rapides qu'on nous fait entendre ?
Il n'y eut, lors de la création des mélodies grégoriennes, aucun système préétabli ; pas de "temps premier" idéalement conçu. Nous trouvons au contraire dans le grégorien la musique la plus naturelle, qui sort des mots et en calque la liberté rythmique : il est donc normal que les sons groupés en un seul neume, qui de ce fait sont allégés par l'absence d'articulation sylla-bique, soient moins longs que les autres (qui sont eux-mêmes assez diffé-rents par leur longueur : veni Domine, non confundentur, dii eorum).
Au lieu de se plier au "tempo" choisi par un compositeur de musique mesurée, les diverses syllabes du texte communiquent leur variété souple aux mélodies grégoriennes, dans un rythme parfaitement libre. La preuve est facile à voir dans les anciens manuscrits, et la clé en est donnée par les synérèses des mélodies-types.

27 septembre 1977.

Dom Cardine a jugé nécessaire de revenir sur ce problème dans son testament daté du 11 avril 1984, où il y consacre les deux alinéas suivants, qui montrent que, à cette époque, cette question était sujette à débat :
"Au lieu de porter aux graphies des manuscrits une attention aussi scrupuleuse, d'autres grégorianistes prennent au contraire une trop grande liberté vis-à-vis des neumes : ils séparent nettement la valeur syllabique de la valeur mélismatique, en affirmant qu'il est impossible de faire autrement : les longues séries de notes ne peuvent être chantées, disent-ils, à l'allure des syllabes qui, elles, doivent être clairement entendues pour être comprises.
Reconnaissons que des exemples exécutés par un soliste virtuose peuvent être captivants par les oppositions faites entre les étirements et les ruissellements des sons. Mais la beauté de la voix ne suffit pas à convaincre, pas plus que certaines ressemblances, dont on se félicite, avec les musiques orientales. On n'arrive pas à plier la notation à ces fantaisies ! Le comble n'est-il pas de recevoir ce défi : "Si vous croyez devoir égaliser valeur syllabique et valeur neumatique, prouvez-le ?" Bien volontiers je retourne le colis à l'expéditeur ! Si une preuve doit être donnée, c'est par ceux qui attribuent aux mêmes signes des valeurs si différentes. Quand nous considérons un punctum égal au punctum et un uncinus à l'uncinus, la preuve me semble inutile : nous sommes ici encore fidèles à notre soumission totale aux signes des premiers manuscrits ! D'ailleurs si l'opposition a vraiment existé au moyen-âge, ne serait-il pas normal d'en retrouver quelque trace ? C'est à nous d'attendre la démonstration qui nous ferait changer d'avis."

En lisant ces allusions aux "étirements" et aux "ruissellements de sons", on se demande si par hasard Dom Cardine, au moment d'écrire ces phrases, ne venait pas d'écouter Dominique Vellard chanter le verset Congregate du Graduel Ex Sion, comme dans le film ! Il me semble nécessaire de développer quelque peu les objections de Dom Cardine, en les illustrant. Quand Brigitte Lesne insiste sur l'opposition (très claire selon elle!) entre les notes longues et les notes brèves "qui indiquaient ces ornements" dans les premières notations, on ne peut que conclure qu'elle n'a vu dans ces manuscrits que ce qu'elle voulait y voir. Comment peut-on affirmer que les notes brèves étaient réservées à des ornementations ? Dans le manuscrit de Laon (apparemment choisi comme principal support de la discussion) on trouve fréquemment des punctums sur syllabe isolée, en début d'incise ou de phrase, comme pour lancer le chant dans une allure plus animée que le cours normal où l'on trouve plutôt des uncinus de durée syllabique moyenne. Le punctum est par excellence dans le manuscrit de Laon la note brève. On en trouve dans les neumes stophicus, climacus, et bien d'autres. Comme le fait remarquer très justement Dom Cardine, il n'y a aucune raison d'attribuer à un punctum une valeur très courte quand il fait partie d'un climacus, que l'on débite alors en l'avalant (Cf. le chant Congregate par D. Vellard), et de lui garder une valeur syllabique, fut-elle légèrement abrégée, quand ce signe orne une syllabe. Sans chercher très loin, l'introït Puer natus est, que l'on entend dans le film, présente des punctums syllabiques sur les deux syllabes de cuius :


Un exemple particulièrement frappant d'emploi de punctums syllabiques par les chantres de Laon, probablement pour animer le départ de la pièce chantée, se trouve au début de l'antienne de communion Videns Dominus (résurrection de Lazare), où pas moins de quinze syllabes quasi-consécutives sont ornées de punctums !


L'autre argument de Dom Cardine porte sur les synérèses dans les mélodies-type. Les mélodies-type se rencontrent principalement dans les formules musicales reprises dans certaines cadences, indépendamment du nombre de syllabes à servir. Ainsi il peut arriver que lorsque le texte comporte peu de syllabes, on soit amené à grouper plusieurs notes sur la même syllabe au lieu d'une note par syllabe normalement. C'est ce qu'on appelle une synérèse. Ainsi dans l'exemple illustré ci-dessous, tiré de Le nombre musical grégorien de Dom Mocquereau, Tome II, on constate l'apparition d'un torculus sur une syllabe au lieu des trois notes chantées sur trois syllabes, ou dans un cas intermédiaire, d'un podatus et punctum sur deux syllabes :


Il est bien évident que cette transformation, où la mélodie reste forcément la même, exclut toute idée d'ornement rapide attaché à un torculus.
Je passerai sur les interventions des religieux qui participaient au film. Ils ont insisté, très naturellement, sur la dimension spirituelle du chant grégorien, qui pour eux dépasse de beaucoup les préoccupations archéologiques ou esthétiques des spécialistes laïcs, ce qui leur permettait de ne pas se prononcer sur les innovations présentées dans le film, dont c'était l'objet principal évident.

Conclusion

n conclusion, je ne peux que rappeler, en pensant à Madame Marie-Noël Colette, l'adage bien connu :

Errare humanum est,
perseverare diabolicum !




Pierre Billaud (9 septembre 2005)