10. Lettre de P. Billaud à P. Bottet

le 12 juillet 2000

Cher ami,

Je n’hésite plus à vous considérer comme un ami, bien que ne vous connaissant que très partiellement, après votre lettre du 2 juillet, que j’ai lue avec un peu d’émotion.

J’ai été touché en particulier par votre aimable appréciation de mes remarques sur La mer de Trenet, et heureux de constater que mes lettres vous apportaient quelque chose. Je précise aussi que vous ne devez en rien vous croire obligé de me faire des confidences sur votre vie en dehors du champ musical. Le fait que je vous ai envoyé des détails sur moi-même, qui se trouvent d’ailleurs en grande partie diffusés sur mon site, n’implique aucune obligation de réciprocité. Vous restez entièrement libre.

Votre lettre du 2 juillet m’a beaucoup embarrassé par les sujets que vous y abordez, et qui concernent en fait toute l’histoire de la musique. Il se trouve que j’envisage depuis 1988 d’écrire un livre pour contester la dérive sérielle et en général les aberrations qu’on nous impose souvent sur les ondes officielles, pour nous convertir de force aux "nouveautés", sans parler des conservatoires d’état où les enfants sont également influencés dans ce sens. Loin d’être "exaspéré", je suis au contraire toujours intéressé de discuter avec des interlocuteurs de bonne foi non rebelles à ce qu’on appelle la musique contemporaine. J’ai déjà accumulé pas mal de pages et j’aurai l’occasion au fil de nos échanges, d’en dire plus sur tel ou tel point qui me tient à cœur. Aujourd’hui je me contenterai de vous donner en annexe une note sur les intervalles naturels (faite exprès pour vous), pour répondre à votre demande. J’espère qu’elle ne vous rebutera pas par sa technicité, pourtant outrageusement simplifiée et résumée.

Une autre remarque, en rapport avec l’expression en italien. Si vous ne connaissez pas les madrigaux composés par Gesualdo di Venosa, essayez d’en entendre quelques uns. Sans connaître la langue de Dante, je ne puis que m’émerveiller de la qualité de la musique et de l’expression merveilleuse qui semble ressortir de ces œuvres.

Nous partons ma femme et moi lundi 17 pour quelques jours avec nos enfants, suivis d’un séjour dans les Landes en août. J’essaierai d’aller voir l’abbé Portier à cette occasion. Laissant l’ordinateur se reposer, je ne pourrai guère écrire sérieusement avant septembre.

Amicalement vôtre

P. Billaud



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