Note annexe n°1

Ecarts graphiques entre manuscrits


A
   
B

Légende

La figure A reproduit un petit fragment agrandi de la phographie publiée en planche XXII dans le livre de A-J Bescond Le chant grégorien, relative au graduel de Pâques Haec dies, tirée du manuscrit sangallien codex 339. Ce fragment illustre bien les irrégularités d'écartement des syllabes du texte, écartements souvent trop étroits pour inscrire les neumes commodément. Le notateur est alors obligé de développer les mélismes en montant et en chevauchant ceux de la syllabe suivante.

Dans la figure B sont comparées les graphies des mélismes ornant les deux dernières syllabes du mot exultemus :
1) d'après la transcription dans le Graduale Triplex du manuscrit sangallien codex 359
2) d'après l'exemple donné en A ci-dessus (codex 339)
3) de la restitution sur portée de Solesmes (paroissien 800)

En 1) et 2) on a fait ressortir les signes d'allongement en les marquant en rouge, ce qui permet de remarquer d'un coup d'oeil les nettes différences de rythme des deux manuscrits. En effet, les différences de part et d'autre dans le choix des notes allongées ne peuvent sans invraisemblance être attribuées à des distractions des notateurs. Il faut en conclure que les deux chantres, bien que respectueux de la mélodie, ne la chantaient pas selon un rythme imposé avec précision, et gardaient donc des styles d'expression personnels. On observe aussi que l'édition rythmique de Solesmes, achevée au début du XXe siècle, ne suit pas strictement l'une ou l'autre des versions neumatiques, en restant toutefois proche du codex 359. Les rédacteurs prenaient en considération de nombreuses versions manuscrites, et choisissaient probablement pour chaque phrase la transcription qui leur semblait la meilleure, sans s'astreindre à une seule source. Lors de la confection du Graduale Triplex, au cours des années 1970, les notateurs manuscrits ont pris naturellement comme modèle pour chaque pièce le manuscrit le plus proche en moyenne de la version rythmique de Solesmes.



Pierre Billaud, 10 novembre 2001