11. Lettre de P. Billaud à P. Bottet

le 11 septembre 2000

Cher ami,

J’ai quelque mal à reprendre le courant en cette rentrée 2000.

Avant de vous écrire j’ai voulu approfondir quelque peu la connaissance de l’ouvrage de dom Mocquereau, et ma première impression est renforcée : c’est proprement un admirable monument de savoir et de clairvoyance. Malheureusement avec plus de 400 pages pour le premier tome et 850 pour le deuxième, il est impossible d’en faire des citations significatives, toujours forcément incomplètes. Il a tout vu, tout compris, et aucune page ne semble à négliger. La conclusion évidente, et douloureuse, est la légèreté des réformateurs, Jeanneteau, Cardine, et Claire, dans leur entreprise de démolition, il n’y a pas d’autre mot, qui a conduit au désastre actuel à Solesmes. Nous pouvons remercier la Providence, qui a permis le maintien de l’enseignement de Mocquereau-Gajard, dans plusieurs abbayes éminentes (Fontgombault, Triors, Le Barroux, Argentan, entre autres), et la Schola Saint Grégoire au Mans.

Ce qui me plaît surtout en lisant Mocquereau, c’est son souci constant de "coller" aux faits, à la réalité, aux témoignages irrécusables du passé et des savants, en évitant toute théorie ou système de pensée a priori, tentation à laquelle ont succombé à l’évidence les susdits réformateurs.

Pour vous donner un aperçu de cet ouvrage, j’ai copié quelques pages du second tome, que je joins à cette lettre. Le choix a été cornélien, puisque tout est intéressant. Je me suis limité à des passages concernant directement l’accent latin et ses conséquences, en se limitant au mot.

L’annexe (1) est le début de la table des matières.

La (2) traite en partie de l’accent latin, avec mention des accents secondaires.

La (3) contient la conclusion abrégée sur l’accent à l’époque grégorienne.

La (4) traite de l’ictus rythmique (pour le discours, et non le chant), et je pense que vous apprécierez particulièrement la thèse de Bennet pages 678 et 679, fondée non sur des idées théoriques mais sur une pratique intensive de la lecture de vers latins.

La (5), que je me suis senti obligé de rajouter in extremis, est un extrait très important du début du livre, qui reprend l’historique du latin parlé. C’est lumineux ! On y voit soulignée l’importance primordiale de la "quantité" c’est-à-dire la durée des sons (voyelles), dans le rythme du discours, que l’accent tonique soit chanté ou non. Je vous conseille de commencer la lecture des extraits par celui-ci, car il éclaire tout le reste.

Sur un sujet tout différent qui vous a intéressé, je vous joins en annexe (6) copie d’un message d’un correspondant suisse spécialiste de la musique médiévale, qui donne une brève mais significative appréciation de l’œuvre d’Hildegarde de Bingen. Si vous n’êtes pas abonné ou lecteur de Présent, et si vous le désirez, je pourrai vous envoyer sur 2 pages une copie d’un article d’Hervé de Saint-Méen sur Hildegarde, très intéressant, paru cet été.

Je reporte à une autre lettre mes commentaires sur ce que vous avez dit de la musique classique, attendant peut-être des réactions de votre part sur mes précédentes contributions (gammes, intervalles, en particulier).

Moi aussi je trouve un grand bénéfice à nos échanges, et souhaite qu’ils se poursuivent.

Amicalement à vous

P. Billaud



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