22. Lettre de P. Bottet à P. Billaud

le 25/1/02

Cher ami,

Un mot en vitesse pour vous remercier de vos éclaircissements, dont certains pourraient enrichir ou clarifier votre article. N’empêche que la substantivisation (!) du concept de "reproductibilité réelle du chant mémorisé" ne facilitait pas la lecture.

Votre annexe sur l’invariance est très intéressante, et mériterait d’être jointe à votre article. Elle est accessible au lecteur moyen (dont je suis), et aide de plus à se faire une première idée de la notation sangallienne, de son utilité et de ses nuances.

Encore d’accord avec vous, n’en déplaise à l’excellent Abbé Portier, sur l’accompagnement d’orgue. Le grégorien est fait pour être chanté a cappella. J’admets que la plupart des choristes amateurs ont besoin d’être accompagnés, non tant pour être guidés dans la mélodie que pour être maintenus dans le ton initial; il n’est pas rare de relever (vers le bas) un bon ton de différence entre le début et la fin d’une antienne ou d’un psaume. Mais il y a une antinomie structurelle entre le grégorien et l’orgue, qui n’a pour lui à cet égard que d’être déjà sur place. S’il fallait un accompagnement, je serais plus tenté par la harpe, ou le théorbe? Je reconnais que certains organistes, pour la plupart des moines, font des merveilles par la discrétion de leurs accords et de leur registration, mais ils sont l’exception. Il faudrait former les organistes à la liturgie, je reconnais un bon accompagnement, à ce que ma femme ne l’entend pas, et que je suis le seul à l’entendre, parce que j’ai l’oreille invinciblement attirée par l’orgue. Ceci dit, je ne sais pas accompagner, faute de formation suffisante à l’harmonie.

Très amicalement

P. Bottet

PS. Je retrouve une première lecture sur le grégorien, en 43 ou 44, restée très longtemps sans suite, mais qui m’avait marqué. Il s’agit d’une petite "grammaire du grégorien", parue en Suisse en 1938, et qui prétend s’appuyer sur la seule Edition Vaticane pure, refusant tous les signes rythmiques, jugés superfétatoires. Lecture aride à l’époque !


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